Autour du punk

 

C’est quoi pour toi le punk ? 

Avant tout, un mouvement musical qui retrouvait l’esprit rock des années cinquante. Une musique de jeunes chiens fous, électrique et sauvage avec cette pointe de provoc’ qui voulait faire table rase du passé.

Quelles étaient les lieux qui ont le plus marqué ton expérience de la scène punk ?  

La ville de Londres a tout de suite symbolisé le mouvement. Les Anglais sont par essence excentrique, ils adorent créer des courants musicaux et l’originalité vestimentaire, L’Anglais aime se démarquer du reste du monde, le punk, à travers son côté carnavalesque provocateur a marqué les esprits, autant que la musique à mon sens. Les Anglais sont les champions pour innover, peut-être leur côté ilien détaché du continent !

Comment est-ce que tu te situes dans le mouvement punk actuel ?

Nulle part. Pour moi, le mouvement a vécu même s’il a laissé des traces et que des soirées ou festivals revivals voient le jour ici et là, le punk n’a duré que deux ans, 1976/1977. Ensuite, le punk s’est dilué dans la New Wave puis le rock alternatif et le Grunge.

 

Chez le disquaire

 

Pour toi quel est le moyen de diffusion de musique le plus fréquent pour le punk à Rennes ?  (Disquaires, radio, presse, bouche à oreille, concerts)

Je ne sais pas si le punk existe encore à Rennes ? Je dirais plutôt les réseaux sociaux, quelques émissions de radio sur Canal B axées sur ses thèmes de retrouvailles. Mais cela reste marginal.

Fréquentais-tu régulièrement les disquaires ? Quels rapports avais-tu avec ces boutiques ?

Bien sûr !! à l’époque, le disque avait une place majeure dans la diffusion du rock en général. On se ruait chez les disquaires pour acheter les derniers 45 tours vinyles. Les groupes punks écrivaient de bons titres, mais pas assez pour faire un album consistant. En revanche, dans le lot, certaines formations sortaient des singles bien catchy !! j’ai plaisir à réécouter encore aujourd’hui.

Quel était ton disque ou ta musique punk iconique selon toi ?

« Pretty vacant » des Sex Pistols me semble le titre parfait pour résumer ces années punks.
« Rattus Norvegicus » des Stranglers pour l’album emblématique de cette période.

 

Dans la rue

 

Ton investissement dans le mouvement punk se traduisait-il par une apparence particulière ?

J’ai changé d’accoutrement bien évidemment, mais sans excès. J’aimais bien le retour du costard un peu large avec la chemise blanche et la cravate noire. Un pin’s ou deux pour montrer mon attachement au mouvement. Et le retour aux cheveux courts, une bénédiction !

De quelle manière les différents groupes de punks s’appropriaient-ils et occupaient-ils la ville à l’époque (toi et ta bande de potes inclus) ? Est-ce que ça passait par le street art également ?

Surtout pas la rue avec une meute de chiens. Non, on restait dans un café, rue Vasselot « l’Epée ». Le street art est arrivé plus tard, vers les années 85/86 au moment du break dance et l’émergence du rap new-yorkais.

Ton implication dans le mouvement venait-elle d’un engagement social et politique ?

Pas du tout, même si le coté anar et nihiliste caractérisait le mouvement à ses débuts. Ceci dit, le punk anglais est apparu sous l’ère travailliste en Angleterre, plutôt versée à gauche,  puis est arrivée Dame Thatcher peu après et son cortège libéral. La portée politique du mouvement n’était pas si criante que cela, même si certains voulaient faire croire le contraire. Par contre, le mouvement punk était clairement anti-national front au Royaume-Uni alors que l’extrême-droite anglaise avait le vent en poupe dans ces années-là !

 

Au squat

 

Pour toi, qu’est-ce que c’est « squatter » ?

Prendre possession d’un lieu qui ne t’appartient pas !!

Quel est ton rapport au fanzine ?

Habile moyen de communication, pas trop onéreux à réaliser, dynamique et outil d’information musicale qui permettrait de suivre l’actualité des groupes en temps et en heure. Utile avant l’arrivée des radios libres. Le phénomène fanzine a bousculé les journaux musicaux établis comme Rock & Folk et Best. À Rennes, Pierre Fablet, musicien et adepte de la photocopieuse avait lancé son fanzine intitulé Les actualités du monde libre. Il écrivait sur Père Ubu, le groupe américain avait qui il était en relation. C’est ça le fanzine, parler d’autres choses et faire découvrir d’autres artistes.

De mon côté, j’étais lecteur du Melody Maker et du New Musical Express, des journaux hebdomadaires que l’on trouvait facilement dans les kiosques en France !

Quelle était la place de la politique dans ton expérience ?

Nulle, jamais encarté ! J’ai peu associé le punk à un mouvement contestataire politisé. Seul Joe Strummer des Clash avait une conscience politique fort aiguisée. Le punk s’est vite déporté vers d’autres courants culturels comme la mode, le cinéma, voire la littérature.

 

En concert

 

Quel est ton rapport avec le monde des concerts ?

J’adorais le monde des concerts que j’ai réellement découvert à Londres. Un bon concert live visuellement et musicalement procure une espèce de transe. J’ai réellement assisté à des concerts qui ont donné un sens à ma vie. De véritables révélations sur un plan émotionnel.

Comment est-ce que tu décrirais l’ambiance générale des bars et des concerts que tu fréquentais ? De ton expérience, est-ce que tu qualifierais la scène punk rennaise (concerts, musique, artistes, public) comme violente et provocatrice ?

Plutôt bon enfant. Parfois électrique et provoc’ mais nullement violente !

Quels étaient les lieux de concerts underground principaux à Rennes selon toi et décris-nous les souvenirs que tu en as ?

L’émergence des concerts à Rennes est arrivée bien après la vague punk. C’est la New Wave au début 80 qui a ramassé la mise d’un terrain qu’on avait patiemment travaillé en amont.

 

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