Autour de la Funhouse
La Funhouse, c’est quoi ?
À l’origine, nous occupions une petite maison légalement qui s’appelait la Fun Association. C’était un squat légal, car on nous laissait faire un peu ce qu’on voulait. C’était un endroit frappé d’animation, il y avait tout le temps du monde, et on y jouait tout le temps de la musique. L’idée de base, c’était surtout de faire du lieu un local de répétition pour les groupes. À l’époque, on accueillait des gens comme Bruno Perrin par exemple. On est très vite arrivés à une quinzaine de groupes qui répétaient, ce qui est plutôt pas mal ! Par la suite, nous avons déménagé et nous avons été relogés par la ville en 1991. Cette fois-ci, la Funhouse disposait d’un espace de 1300 m², ce qui nous a vraiment beaucoup changé ! On avait une salle de spectacle, une galerie d’exposition, une surface de travail pour les plasticiens, un bar, les bureaux de l’association et enfin, les locaux de répétition. Cet endroit, nous l’avons eu pendant 6-7 ans puis il a malheureusement fermé en 1996. Par la suite, la Fun a déménagé pour la dernière fois dans un lieu semblable de 1300 m², mais cette fois-ci beaucoup mieux situé puisque nous étions en centre-ville. La Funhouse a donc existé sur trois endroits.
La Funhouse était-elle un lieu punk ?
Dans l’esthétique et la musique, on va dire que oui, mais par rapport à d’autres lieux alternatifs, non. Tout simplement car nous étions très organisés. Tout ce que l’on faisait était déclaré et on avait même des salariés au sein de la Fun. Donc non, nous n’étions pas réellement punks comparés à des lieux comme Le Wagon a Saint-Brieuc, qui était vraiment alternatif pour le coup ! C’est un choix si l’ont veut, car avec ce type d’endroit, tout peut s’arrêter du jour au lendemain. Moi ça n’allait pas avec ma conception des choses. J’ai toujours été une personne très entreprenante, et j’avais réellement l’envie de construire et de développer quelque chose qui dure dans le temps, je n’étais pas dans le no future.
Quelle était la place du politique au sein de la Funhouse ?
Non, la Fun n’était pas réellement politique. En réalité, il était vraiment impossible de nous raccrocher à un mouvement politique, quel qu’il soit, car notre démarche était avant tout culturelle !
Et puis, pour certains d’entre nous, on était dans des réalités où il fallait trouver un toit et de quoi manger. Quand on est dans cette situation, la politique passe à côté. Nous étions réellement dans le partage et dans l’entraide les uns et les autres. C’était vraiment ça l’esprit de la Fun, un lieu respectueux avec des valeurs.
Quel était l’esprit de la Funhouse ?
L’esprit de la Funhouse, c’était surtout la légèreté et le je-m’en-foutisme. On se sentait pas vraiment concernés par tout ce qui se passait dehors, ce qui nous tenait surtout, c’était la fête. L’idée, c’était de s’éclater et de faire la bringue avec nos copains. Nous n’étions pas du tout dans la revendication ou le militantisme, on voulait surtout faire avancer les choses en étant actifs et en faisant quelque chose de réellement concret. On voulait s’imposer au pouvoir public sans passer par une grève ou un autre mouvement engagé politiquement. L’idée, c’était de montrer que l’on était capable de se débrouiller de nous-mêmes et d’y arriver sans l’aide de personne. Par ailleurs, on a toujours écouté et dialogué avec les pouvoirs publics, avec la police surtout. Parce que l’on n’arrive à rien en fermant la porte à un flic qui veut venir inspecter ou te serrer la paluche. On s’écoute, et cela nous a quand même rendu bien service.
Quel est ton rapport au DIY avec la Funhouse ?
Oui, on était vraiment là-dedans à l’époque tout simplement parce que nous n’avions pas un sou ! Pour vous donner un exemple, quand nous avons quitté la première Funhouse, nous sommes partis avec absolument tout. Les radiateurs, le plancher, le mobilier, tout ce que l’on a pu prendre, on l’a pris. Il y avait beaucoup de magouille et nous étions toujours à chercher les bons plans. Pour le reste, tout était fait par nous, que ce soit l’eau, l’électricité ou encore le chauffage. Les locaux de répétition sont les seuls à avoir été faits par un artisan qui nous a fait crédit.
Cela demande de sacrées compétences, non ?
Ça demande un sacré réseau surtout et on était aussi une sacrée équipe. Personne n’y croyait, je me rappelle, on pariait même sur nous parce qu’on n’avait vraiment pas un rond, pas de trésorerie et aucune banque ne nous suivait. Pour certains, c’était donc vraiment impossible que le projet voie le jour. Et puis les travaux se sont terminés et la Fun était née. D’ailleurs même si on était dans l’esprit de débrouille, on n’oubliait jamais l’essentiel comme les accès pour les personnes à mobilité réduite, on a réussi à tout faire dans les normes.
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