En décembre, les MAGEMI se sont rendus au musée de Bretagne pour s’entretenir avec Gwénaëlle Neveu, médiatrice culturelle, au sujet de l’accessibilité du musée aux personnes en situation de handicap.
Les mesures entreprises par le musée de Bretagne
Après notre arrivée, dans le vestibule dédié aux professionnels, Gwénaëlle Neveu nous a rejoints. Elle a souhaité que nous fassions le tour du musée pour comprendre les moyens mis en place afin de garantir l’accès au bâtiment des personnes à mobilité réduite. Nous avons d’abord constaté que la signalétique n’était pas des plus optimales : la double porte d’entrée et de sortie, localisée à l’avant du musée, n’est en effet pas clairement délimitée. Néanmoins, depuis notre visite, des cordons de délimitation ont été installés pour prévenir toute confusion. Nous remarquons également ensemble que l’emplacement du musée est difficile d’accès pour les personnes en situation de handicap : la rue adjacente est passante et il n’y a pas de place de parking ou de voie dédiée aux véhicules spécialisés. Si par ailleurs des bandes de guidage au sol pour les personnes aveugles et malvoyantes ont été aménagées, leur dégradation ne semble pas permettre un déplacement complètement sécurisé. Malgré tout, la station de métro Charles de Gaulle, à une centaine de mètres, est équipée d’un ascenseur. Le réseau des stations de métro permet donc aux usagers en situation d’handicap moteur de venir relativement aisément au musée de Bretagne.
Le musée de Bretagne est pionnier dans la médiation. En effet, l’institution s’est vu décerner le prix « Patrimoine pour tous » suite à la soumission d’un dossier sur l’amélioration de l’accessibilité au musée en 2017. Ce dernier a été dirigé par Gwénaëlle Neveu. Il s’agissait de construire des dispositifs de médiation adaptés aux personnes en situation de handicap. Le projet a été imaginé selon une démarche collaborative : inclure les personnes concernées par ces mesures en a été l’un des points forts.
Pour aller plus loin, il est possible de consulter le site internet de l’institution :
https://www.musee-bretagne.fr/venir-au-musee/en-situation-de-handicap/
Celui-ci rappelle les mesures engagées :
- Le musée est totalement accessible aux personnes à mobilité réduite (salles d’exposition, parcours permanent, boutique, salles d’activité etc.)
- Des livrets synthétiques en braille ou à gros caractères sont empruntables à l’accueil du musée.
- Des visites tactiles peuvent être organisées.
- Les films des expositions sont sous-titrés ou signés en LSF.
- Des visites animées par un médiateur peuvent être mises en place pour les personnes souffrant de déficiences intellectuelles et psychiques. Les médiateurs du musée, dont Gwénaëlle Neveu, se chargent de mener ces visites sensorielles.
Découvrir le musée autrement
Avant l’ouverture du musée, Gwénaëlle Neveu nous a demandé de prendre part à deux ateliers immersifs. Nous devions, dans un premier temps, déambuler au sein du parcours permanent comme si nous étions des personnes à mobilité réduite ou aveugles. La médiatrice nous a prêté des bandeaux et des fauteuils roulants pour réaliser cette mise en situation.
Nos ressentis :
Ces remarques sont celles d’étudiants valides ; cet exercice ne prétend aucunement invalider les expériences et les ressentis de personnes en situation de handicap. Il s’agit pour nous de mieux comprendre les enjeux majeurs que représente l’accessibilité au musée. Ces questions nous tiennent très à cœur.
- La circulation en fauteuil roulant est relativement aisée, mais la lecture de certains cartels est parfois difficile : la plupart du temps, ils sont trop haut. De plus, la lecture latérale n’est pas très confortable.
- La hauteur des vitrines n’est pas toujours adaptée.
- L’expérience de visite, les yeux bandés, est drastiquement différente. Nous devons nous imaginer, à travers les mots de la personne qui nous guide, les œuvres présentes dans l’espace d’exposition.
Un atelier tactile
Dans le cadre du second atelier, la médiatrice nous a conduits dans une salle de médiation dédiée aux plus jeunes. Nous devions, les yeux bandés, deviner les objets déposés entre nos mains, certains réalisés par le musée de Bretagne, d’autres issus de différentes institutions, afin de comparer les dispositifs. Les personnes malvoyantes ou aveugles peuvent convoquer le toucher pour appréhender les formes, volutes, lignes d’objets. Nous avons été amenés à manier de multiples dispositifs : plaques réalisées en pointillés, brailles, reproductions d’objets, etc. La variété des supports auxquels nous avons été confrontés a permis de constater que certains étaient inadaptés et s’apparentaient plutôt à des dispositifs fantasmés par des personnes voyantes, pour des publics malvoyants : Gwenaëlle Neveu a mis un point d’honneur à souligner que les personnes malvoyantes étaient dans l’incapacité de lire une image lorsqu’elle comportait trop de reliefs. Or, certains contre-exemples présentaient bien trop de lignes saillantes pour être rendus compréhensibles.
Cette visite a été fructueuse, car elle nous a permis de comprendre les enjeux que doivent relever les institutions muséales en ce qui concerne la médiation de leurs collections auprès de tous les publics. Nous tenons également à remercier Gwénaëlle Neveu pour son accueil chaleureux.
Juliette LEWANDOWKI, Maxime ABADIA