Interventions, installations, performances, expériences sensorielles et auditives, les expositions présentées au Palais de Tokyo du 3 février au 8 mai 2017 explorent les relations que nous subissons et que nous entretenons dans notre rapport au réel. Elles permettent de nous interroger autour de la conception même de l’objet à travers notre société. C’est sa condition et sa place même qui est mis en tension. Magique, enchanté ou inquiétant, il est défini par la perception que nous avons de lui et de ce que nous en faisons. Ainsi, le travail d’une dizaine d’artistes va s’introduire dans une approche fictive ou réelle, visuelle ou auditive, teinté de mysticisme et de naturalisme.
Le travail d’Abraham Poincheval s’inscrit autour de la notion d’enfermement, d’immobilisme où la perte progressive des sens sont autant de moyens d’explorer le monde et la nature humaine. Sculptée et reprenant la silhouette de l’artiste, cette grande pierre calcaire même présentée ouverte, nous plonge dans un certains malaise. La petitesse d’espace introduit une certaine angoisse.
Quant à Emmanuel Saulnier dont son travail s’achemine autour des problématiques liées à la mémoire collective, il utilise des matériaux simples (bois morts, bitumes, encre séchée) pour établir des correspondances poétiques dont la noirceur et l’obscurité nous renvoie à la nuit de l’âme.
Mel O’ Callaghan introduit lui aussi cette sensation d’obscurité en filmant dans les grottes de Gomantong (au nord-est de Bornéo) une récolte traditionnelle de nids d’oiseaux. L’artiste par cette video s’attache notamment aux aspects ritualisés de cette pratique presque mystique et périlleuse effectuée par la population autochtone. Il s’agit ici d’un véritable rituel dont seul les hommes en sortent transformés.
Avec Rites and Aftermath, Dorian Gaudin s’appuie sur la nature première de la machine, en nous rappelant la manière dont le fétichisme des objets et de la technique régit notre rapport au monde. Cette exposition met en scène un théâtre d’objets qui s’animent selon une organisation presque musicale voir théâtre où les objets semblent vivants.
Enfin, l’artiste Taro Izumi utilise cette fois-ci les objets du quotidien pour concevoir des installations pour accueillir des corps de performers invités. Teinté d’humour, de burlesque, voire d’absurde, son travail paraît animé d’un mouvement permanent.
Singulières, attirantes, surprenantes voire humoristiques, les expositions présentées au cœur même du Palais de Tokyo présentent une vision plutôt intéressante de notre société. D’autres artistes sont à découvrir du 3 février au 8 mai 2017. Donc, osez ouvrir les portes du musée et faites l’expérience par vous même?