En ce début d’année 2022, nous nous sommes rendus à Paris pour notre voyage d’étude afin de visiter plusieurs musées et ainsi rencontrer des professionnels du milieu muséal.

Visiteurs privilégiés, nous avons pu accéder au Petit Palais, à la Cité de la Musique, au musée du quai Branly – Jacques Chirac et au musée des Arts décoratifs.

Camille, Laurine, Lucile, Gaïa, Sybille, Brice, Maxime, Juliette, Auriane, Manon, Cheryhane

Le Petit Palais

Accueillis le jeudi matin par Servane Dargnies-de Vitry, conservatrice des peintures et décors peints de 1870 à 1914, nous avons effectué une visite commentée des lieux, qui nous en a plus appris sur l’histoire du Petit Palais et les problématiques inhérentes à sa scénographie. Construit en 1900 à l’occasion de l’Exposition Universelle, le Petit Palais nous a émerveillés par son architecture éclectique mêlant mosaïques, décors peints et vitraux. Ce musée municipal de la ville de Paris propose un parcours non pas chronologique, comme on pourrait s’y attendre, mais thématique, suggérant ainsi des similitudes entre les œuvres. Nous avons également eu la chance de visiter les réserves du musée, découvrant ainsi les coulisses de la conservation des collections.

La Cité de la musique et le Musée de la musique

Nous avons dans un premier temps découvert l’exposition Hip-Hop 360, qui a nous a offert une expérience immersive et interactive au cœur de l’histoire de l’émergence du hip-hop en France. L’exposition retrace la manière dont ce courant a d’abord puisé ses racines aux États-Unis, avant de trouver son identité propre en France à travers la musique, la danse, la mode, les graffitis et autres supports d’expression.

Nous avons ensuite rejoint Alexandre Girard-Muscagorry, conservateur en charge des musiques et cultures non occidentales, qui nous a présenté le parcours permanent du musée de la Musique. Alexandre a exprimé la complexité à exposer des instruments en évoquant notamment la question de leur jeu. Il y aurait en effet deux écoles concernant la réactivation des collections par le jeu des instruments : ne pas risquer de les abîmer et se concentrer davantage sur leur conservation ou bien tenter de mieux les comprendre en les jouant.

Le Musée du Quai Branly – Jacques Chirac

Vendredi, nous avons commencé la journée par une visite du musée du quai Branly. Après avoir rapidement déroulé l’histoire du musée et ses caractéristiques muséographiques et architecturales, Eléonore Kissel, responsable du pôle conservation-restauration, nous a présenté la collection océanienne à l’ouest du plateau. Cette partie du musée, matérialisée en rouge dans l’espace d’exposition, est très riche en objets dits traditionnels et artisanaux. La conservatrice-restauratrice nous a interrogés sur les matériaux qui ont été utilisés pour leur conception. Des items ont particulièrement retenu notre attention : un ensemble d’éventails tahi’i des îles Marquises (Polynésie française), dont Eléonore Kissel a précisé qu’ils avaient fait l’objet d’une étude poussée à partir de nouvelles technologies d’imagerie 3D. Les chercheurs ont ainsi pu appréhender les secrets de leur fabrication et de leur composition. Il faut souligner le caractère exceptionnel de ces éventails : leur savoir-faire ayant disparu, cette étude leur confère une nouvelle vitalité. En effet, ils ont pu être réintégrés auprès de femmes marquisiennes. Il s’agit d’un exemple intéressant de travail collaboratif avec les communautés autochtones dans le cadre muséal. 

Conservation préventive

À la suite de cette intervention au sein des collections, Stéphanie Elarbi, chargée de la restauration, a partagé toute l’ampleur de son travail. Au sein de l’atelier de restauration nous avons pu apercevoir de jeunes restauratrices-conservatrices. Extrêmement minutieuses et appliquées, certaines d’entre elles s’affairaient à nettoyer, dépoussiérer, protéger, consolider différents objets en argent / étain ou encore en bois. Stéphanie Elarbi, sachant que notre projet d’exposition portait sur la musique, a sorti des réserves des instruments en cours de restauration. Elle nous a présenté deux types d’objets : des luths nord-africains (guembri) et des tambours nord-américains utilisés lors de cérémonies rituelles. 

Les luths, au nombre de trois, sont de différente facture. Ils permettent de dresser une typologie. Deux d’entre eux sont réalisés à partir d’une carapace de tortue, certainement de la même espèce par comparaison de la forme et des couleurs de leurs écailles. La chargée de la restauration nous fait remarquer la disparité de ces objets : des caisses polychromes carrées ou piriformes, richement décorées de rayures, d’arabesques, de dessins ou encore des manches fabriqués dans différents bois. L’un des luths devait subir un nettoyage de ses cauris, leur couleur ayant ternie au fil des années. Le tambour quant à lui a subi de nombreuses interventions. 

Ce qui s’est révélé particulièrement intéressant dans cette discussion, c’est la manière dont notre interlocutrice a exposé les différentes techniques de restauration ainsi que ses interrogations sur la nécessité de restaurer un objet ou non. L’idée est que ce qui a été volontairement détruit ou détérioré par la communauté utilisatrice doit demeurer en l’état. En revanche, les altérations du temps et les conséquences de mauvaises restaurations antérieures peuvent être corrigées. Par exemple, le tambour nord-américain a été restauré pour combler des déchirures puis consolidé au moyen de papier japonais. Ce matériau est employé en restauration en raison de ses nombreuses propriétés : il est flexible, neutre, résistant et réversible.  Demeure cependant une étrange coupure sur la caisse : est-ce volontaire ? La réponse est positive, il s’agit de la désacralisation du tambour. En effet, sa fonction rituelle étant achevée, l’un de ses utilisateurs l’a symboliquement éventré. 

Le Musée des Arts décoratifs

Notre voyage s’est clôturé par la visite du musée des Arts décoratifs le vendredi après-midi. Nous avons eu la chance, dans un premier temps, de rencontrer Anne-Forray Carlier, conservatrice en chef du Moyen Âge / Renaissance, XVIIe / XVIIIe siècles et directrice adjointe de l’établissement. Cela a été l’occasion de nous imprégner des collections dont elle s’occupe directement ainsi que de l’histoire de ce lieu sans pareil dans le paysage muséal parisien. La richesse du musée des Arts décoratifs réside dans ses collections profuses, composées d’éléments mobiliers et de design, de pièces d’horlogerie, d’arts de la table, de mode et textile, d’arts graphiques et plus encore. Naviguer chronologiquement à travers les espaces d’exposition permet de se rendre compte des évolutions esthétiques et formelles du mobilier et du design européen, et dans quelques cas extra-européens (asiatiques notamment). Il y a une volonté de la part de la conservatrice de recréer des environnements cohérents. En effet, des éléments décoratifs annexes (tableaux, assiettes, chandeliers, vases, bougeoirs, horloges, etc.) ont été associés à de plus larges ensembles mobiliers. Nous avons également pu discuter de la scénographie. De métal et de verre, les vitrines alourdissent les espaces d’exposition ; elles sont vouées à être remplacées pour permettre une meilleure circulation. 

Dans un second temps, nous avons rencontré deux assistants de conservation rattachés aux collections modernes et contemporaines. Parallèlement à la visite de cette partie du musée, ils ont pu nous donner des informations précieuses sur la politique d’acquisition du MAD. Au-delà de la simple prospection en salle des ventes ou directement auprès des artistes dans leur atelier, les assistants se chargent de repérer des praticiens les plus prometteurs. Leur rôle est d’identifier la relève dans les domaines du design et de l’art. Cette place accordée au relationnel entre les artistes et le musée est primordiale et fait l’originalité de l’institution : celle-ci agit à la manière d’un mécène institutionnel. 

Thierry Mugler, Couturissime

Ambiance feutrée, mannequins élancés, robes scintillantes et luxueuses… le tableau que nous dressons là n’est pas celui d’un défilé de la Fashion Week de Paris. En effet, nous sommes bel et bien immergés dans l’exposition temporaire Thierry Mugler, Couturissime, présentée dans les galeries Christine et Stephen A. Schwarzman au musée des Arts décoratifs. 

Cette exposition-spectacle, installée à Paris depuis septembre, a été conçue et produite par le musée des beaux-arts de Montréal. Monographique, elle retrace le travail d’un génie de la mode, Thierry Mugler, durant ses années d’activité à la tête de sa maison de couture entre 1970 et 2002. Résolument avant-gardiste et provocateur, le créateur a su révolutionner la mode parisienne en proposant une vision moderne et libérée de la femme. Ses défilés font office de référence tant ses podiums ont une esthétique théâtrale : robes inspirées de créatures sous-marines, corsets à la ROBOCOP, femmes-insectes, femmes-Harley-Davidson, danseuses de revue, mondaines dévergondées. L’imaginaire de Thierry Mugler est transgressif, coloré, novateur et extravagant. 

Remerciements

Ce séjour très enrichissant s’est déroulé dans les meilleures conditions. Nous tenons à remercier l’équipe enseignante, Mesdames Florence Duchemin-Pelletier et Agnès Levillain pour l’organisation de ce voyage ! 

Auriane DELCAMBRE, Maxime ABADIA

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