Colloque organisé à Guingamp le 23 septembre 2017 à l’initiative du Centre d’art GwinZegal, du Musée de Bretagne et de l’association Bretagne Musée.

L’objectif de cette rencontre était de se questionner sur le statut de la photographie d’aujourd’hui, en abordant les moyens mis en place pour sa collecte, sa conservation et sa restauration. Trois conférences, suivies de deux tables rondes, ont rythmé la journée au Centre d’art GwinZegal.

Conférences :

Gwenola Furic, restauratrice de photographies à Redon, a initié ce colloque en pointant du doigt l’écart entre ce qui existe et ce que l’ont perçoit, illustrant la perception que l’on a de la photographie.

Nathalie Boulouch, maître de conférence à l’université de Rennes 2, spécialisée en histoire de la photographie, revient sur l’évolution des processus de patrimonialisation, sur le changement de statut de la photographie et sur son inscription dans le champ patrimonial et artistique.

François Cheval, ancien conservateur du Musée Nicéphore Nièpce de Chalon-sur-Saône, s’est exprimé sur la métamorphose de la légitimation du paparazzi, depuis la photographie documentaire vers la photographie construite et scénarisée.

Tables rondes :

Collecte

  •  Pascale Laronze de la Compagnie Papier Théâtre a présenté le projet Mémoire Gravée, s’appuyant sur le vélo-photo de Madame Yvonne, une photographe locale. Suite à des échanges avec les habitants du territoire, Pascale Laronze a découvert le travail de cette personnalité, dont elle a acquis le fonds photographique, qu’elle conserve et valorise au travers d’expositions en plein air pour la population.
  • Anne Delrez, fondatrice de La Conserverie à Metz, récupère des albums de photos de famille destinés à être jetés. Elle les numérise, les indexe et les met à disposition des adhérents de l’association sur le site internet.
  • Catherine Cottin, Conservatrice des Archives départementales de l’Orne, nous donne son point de vue sur la redécouverte de la photographie dans les collections des archives. Elle témoigne de la prise de conscience de leur valeur ainsi que des actions de valorisation mises en place par cette structure.
  • Michel et Nicole Sohier, couple de photographes et collectionneurs bretons, ont mené un inventaire autour du port de la coiffe en Bretagne. Ils s’intéressent également à l’évolution du territoire en re-photographiant des lieux et bâtiments dont ils possèdent déjà les traces photographiques.

Création

A l’inverse des archives, qui possèdent des centaines de milliers d’images, les artistes suivants choisissent de travailler avec des images orphelines. Il choisissent alors d’en faire un objet à part entière, avec une histoire qui en découle, leur donnant alors une seconde vie. La photographie devient ainsil’outil, le matériau, le sujet de l’installation artistique.

  • Stéphanie Solinas a construit un projet collectif autour de l’usine désaffectée Lustucru d’Arles. Elle fait dialoguer la photographie, l’histoire, l’identité et l’expérience en utilisant des médiums variés comme le film, un logiciel de reconnaissance faciale et l’accumulation d’objets photographiques, en s’appuyant notamment sur la figure de M. Bertillon, père de la photographie d’identité.
  • David Fathi, issu du milieu scientifique, a initié un projet avec le CERN. Grâce au fonds, constitué de près de 120 000 clichés d’archives, il joue sur l’ambiguïté d’anciennes photographies scientifiques qui ont des allures de science-fiction. En utilisant la figure de Wolfgang Ernst Pauli, il fait appel à nos propres croyances sur la science et la superstition.
  • Matthieu Pernot manipule des images d’archives et les fait dialoguer avec sa propre pratique de photographe. Il s’est intéressé à la question de l’urbanisme : son projet “Implosions“, presque architectural, entre en réaction avec les réponses radicales de certaines villes, qui réduisent en fumée des barres d’immeubles construites quelques décennies auparavant. Il façonne une quasi cartographie basée sur l’assemblage, et en fait ressortir un discours iconographique et politique.

Ces intervenants ont mis en lumière les différentes difficultés auxquelles nous faisons toujours face, deux cents ans après l’invention du procédé photographique. La profusion photographique laisse entrevoir la complexité de mise en œuvre de moyens physiques, techniques et financiers de conservation et de valorisation.

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