« Aucun obstacle, aucun mécompte, aucun chagrin ne me détourne ou me ralentit dans le but unique de ma vie : le bien-être de tous et la liberté partout. » Marquis de La Fayette

Le 6 avril 1917 marque l’entrée en guerre des États-Unis dans la première guerre mondiale. Le général Pershing, commandant des troupes américaines, débarque en France et se presse sur la tombe du Général La Fayette pour se recueillir.

Un siècle plus tard, le musée d’Art et d’Histoire de Rochefort met à l’honneur l’amitié franco-américaine en consacrant une exposition exceptionnelle sur le « héros des deux mondes », adulé sur une rive et incompris sur l’autre : Gilbert du Motier, marquis de La Fayette !

Grâce à de nombreuses pièces issues de collections publiques et privées, françaises et américaines, dans une scénographie toute en lumière et en mise en abîme, le public est invité à suivre les pas d’un personnage emblématique et incontournable du siècle des Lumières.

« Du premier moment où j’ai entendu prononcer le nom d’Amérique, je l’ai aimé. Dès l’instant où j’ai su qu’elle combattait pour la liberté, j’ai brûlé de désir de verser mon sang pour elle… » La Fayette

Une fois n’est pas coutume, l’exposition débute par son dernier voyage en Amérique, en 1824, quelques années avant sa mort (1834). La Fayette débarque en pleine campagne électorale et sillonne le Nouveau Monde, véhiculant sa légende lors de grandes cérémonies pendant lesquelles il est traité en vedette. Gants, rubans, éventails, assiettes et même tête de pipe à son effigie témoignent du respect et de l’admiration des américains pour celui qu’ils considèrent comme le héros « libérateur du joug britannique ».

Pourquoi est-il à ce point honoré outre-atlantique, et si méconnu ici ? L’exposition s’emploie à y répondre.

La jeunesse de La Fayette est certes flamboyante, dorée, mais surtout ennuyeuse. De l’Auvergne à Paris, de la perte de ses parents à son mariage avec Adrienne de Noailles, de Chavaniac à Versailles, la vie de La Fayette est d’abord dédiée aux jeux, aux divertissements et à l’oisiveté. Le musée Hèbre a pour l’occasion reproduit le transparent de Carmontelle, toile peinte qui défile sous l’œil du spectateur, témoignant de toute la légèreté de la cour à cette époque. Mais alors qu’elle se bat pour son indépendance ; le jeune La Fayette, 19 ans, se met à rêver de l’Amérique et d’aventure. Désobéissant au roi, il embarque à bord de La Victoire direction l’ouest.

De retour en 1779, il persuade le roi de soutenir les insurgés américains. Il repart en Amérique l’année suivante, à bord de la fameuse frégate L’Hermione, apporter la bonne nouvelle et prendre part à la bataille. Ce qu’il ne manquera pas de faire lors de la victoire franco-américaine de Yorktown. La Fayette est alors érigé au rang de héros par les américains.

« Son faible est une faim canine pour la popularité et la renommée, mais il s’élèvera au-dessus de celà ». Jefferson à Washington

Il en est de même de notre côté de l’Atlantique. Lorsque la Révolution française éclate, il se rêve en Washington français et souhaite appliquer le modèle américain à la société française. A la fois proche Louis XVI et de l’Assemblée, La Fayette expérimente le pouvoir, mais sa position confuse l’affaiblit progressivement. A l’image des nombreuses caricatures présentes dans l’exposition, il est moqué, critiqué, soupçonné. De commandant de la Garde Nationale à traître à la Nation, de la fête de la Fédération aux champs de guerres, La Fayette finit par déserter.

« Dans le nouveau monde, M. de LaFayette a contribué à la formation d’une société nouvelle ; dans le monde ancien à la destruction d’une vieille société : la liberté l’invoque à Washington, l’anarchie à Paris. » Chateaubriand

Soumis à la méfiance de Napoléon, il se retire dans son château de La Grange-Blesneau, puis devient l’homme de tous les complots républicains. Il finit par prendre ses distances avec la vie politique, et sur l’exemple de son illustre héros George Washington, mène une vie de gentilhomme vouée à son domaine et à sa famille.

Grâce au commissariat scientifique de Laurence Châtel de Brancion, docteure en Histoire et spécialiste de la Révolution et de l’Empire, La Fayette est ici décrit « dans la réalité de ce qu’il a été » : fougueux, plein d’énergie mais obnubilé par « sa faim canine pour la gloire ».

D’une rare envergure, l’exposition est à découvrir au musée Hèbre de Saint-Clément, à Rochefort, jusqu’au 1er octobre 2017. Elle est aussi l’occasion de découvrir la frégate L’Hermione, avant son départ en 2018 pour la Méditerranée !

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