Du 1er décembre 2016 au 23 avril 2017, le musée des Arts décoratifs consacre une exposition aux scandales qui ont traversés l’histoire de la mode du XIVᵉ siècle jusqu’à nos jours. Sous le commissariat de Denis Bruna, spécialiste des collections Mode et Textile antérieures au XIXᵉ siècle, les Arts décoratifs reviennent ici sur des pièces devenues emblèmes, aussi bien pour leur transgression à la norme, qu’aux ruptures qu’elles ont provoquées. Pour illustrer ce propos c’est une sélection de plus de 300 objets que le visiteur se voit proposer, on y retrouve aussi bien des vêtements et des accessoires, que des portraits, des caricatures ou encore des extraits vidéos qui retracent non seulement les prises de libertés mais aussi les infractions faites à la norme vestimentaire et à ses codes.

Le parcours s’articule autour de trois thématiques qui font office de fil conducteur: le rapport entre le vêtement et la règle ; la question du genre liée au vêtement ; ainsi qu’une rétrospective partielle des provocations et des excès qu’a connu le monde de la mode. Ces différentes thématiques s’articulent elles mêmes sur deux étages, dont l’un est consacré au va-et-vient des règles et usages en vigueur suivant les époques, à travers l’exposition de costumes, de portraits et d’accessoires, tandis que le second évoque les scandales qui ont été précurseurs et qui ont permis des avancées sociétales. Le discours est alimenté par une sélection d’objets éclectiques, qui nourrissent chacun le sujet à leur façon, mais ce toujours de manière pertinente. On peut aussi bien y observer des créations coutures de Thierry Mugler que des tenues de Marie-Antoinette, ou encore des extraits d’ouvrages prodiguant des conseils vestimentaires.

© Luc Boegly. 2016

La scénographie réalisée par Constance Guisset, designer spécialisée en architecture d’intérieur et en scénographie, agrémente joliment le discours de l’exposition. Elle laisse une grande liberté au visiteur, qui peut déambuler à sa guise sans sens de visite préétabli. La designer esthétise ici l’espace qui lui est alloué sans pour autant empiéter sur le contenu de l’exposition, au contraire elle participe à révéler les pièces qui nous sont proposées, on retrouve dans cette réalisation la subtilité et la délicatesse qui caractérisent son travail.

Avec cette exposition, le musée des Arts décoratifs nous propose une promenade au coeur de l’histoire de la mode vu à travers le prisme du scandal. Cette réflexion, qui d’un premier abord peu paraître superficielle et légère, ne l’est en réalité absolument pas. L’interrogation des normes qui dictent, depuis toujours, notre façon de nous vêtir fait écho à des sujets de société très actuels. En effet la question du vestimentairement correct est plus virulente que jamais, l’actualité ne cessant d’être ponctuée de scandales et de questionnements sociétales autour de la norme vestimentaire, et où se place sa limite. Je ne peux donc que recommander cette exposition, qui nous propose un voyage dans des collections foisonnantes d’esthétisme, tout en soulevant des questionnements plus profonds sur le rapport que la société entretient avec le vêtement.

Valentine Vila Y Vicens

 

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